Spinosauridae
  Cristatusaurus lapparenti
 

Fiche descriptive


Sous-ordre
: THEROPODA (Marsh, 1881)


Superfamille
:
MEGALOSAUROIDEA (Fitzinger, 1843)

Famille : SPINOSAURIDAE (Stromer, 1915)

Sous-famille : BARYONYCHINAE (Sereno et al., 1998)

Genre : Cristatusaurus (Taquet et Russel, 1998)

Etymologie
: du Latin cristatus "crête" et du grec sauros "reptile, lézard".


Espèce
: lapparenti (Taquet et Russel, 1998)


Dérivation du nom
: en l'honneur du paléontologue français Albert François de Lapparent.


Holotype
: Musée National d'Histoire Naturelle de Paris, MNHN GDF 366.


Matériel
:

- prémaxillaires fusionnés
- portion de maxillaire droit
- portion de dentaire droit

Lieu de découverte
: Gadoufaoua, désert du Ténéré, Niger.


Date de découverte : 1973.

Horizon : Niveau des Innocents, Formation de Tegama (Aptien).


Diagnose
: Prémaxillaires court, fortement recourbé et en forme de crochet en vue latérale, augmentant en hauteur latéralement. La surface dorsale se rétrécit en une crête postérieurement. Les alvéoles de la partie la plus antérieure des prémaxillaires sont larges, les alvéoles latérales sont uniformément espacée et proches l'une de l'autre. Les dents du maxillaire et du dentaire sont sont compressées latéralement en section transversale et les dents des maxillaires sont orientées verticalement postérieurement. Le dentaire est légèrement étranglé en section médiane et les alvéoles sont fort proches l'une de l'autre. Les dents du maxillaire et du dentaires ont une carène finement crénelée.

Estimation de la taille
: inconnue


Estimation de la hauteur : inconnue

Estimation du poids
: inconnue


Régime alimentaire
: très probablement piscivore et carnivore.



Description

Remarque préalable
La description qui va suivre est celle faite par le découvreur de Cristatusaurus lui-même, le paléontologue français Philippe Taquet, qui relate la découverte, la description et le rapprochement des ossements de ce dinosaure à ceux d'un spinosauridé dans son livre "L'Empreinte des Dinosaures" publié aux Editions Odile Jacob en 1994 (http://www.amazon.fr/Lempreinte-dinosaures-Philippe-Taquet/dp/2738102743).



Découverte et description
Philippe Taquet (1994, p. 291-297) écrit : "Tout commence... au Niger en 1973 sur le gisement de Gadoufaoua dont j'étudie depuis 1965 la faune crétacée. J'eus alors l'occasion de récolter sur le terrain les extrémités antérieures de deux mâchoires; toutes deux présentaient les même caractéristiques; chacune d'elles étaient robustes, légèrement spatulées en vue dorsale; sept alvéoles dentaires étaient conservées sur la rangée dentaire gauche ainsi que sur la rangée dentaire droite; les deux branches de la mâchoire étaient étroitement soudées dans le plan médian pour former un bec solide. Ces pièces appartenaient bien à la mâchoire inférieure. Il ne pouvait s'agir de prémaxillaires, car elles ne portent aucune trace à leur extrémité postérieure de sutures prouvant un contact entre prémaxillaires et maxillaires. De plus, les rangées dentaires sont continues au moins jusqu'à la septième dent et l'on sait que le prémaxillaire à cinq dents – il s'agissait donc bien d'extrémités antérieures de dentaires. La nature reptilienne de ces pièce ne faisait pas de doute non plus du fait de la présence sur chacun des fragments de dents thécodontes, c'est-à-dire implantées sans être soudées dans les alvéoles. Il s'agissait donc bien de fragment de mandibules, mais de mandibules très étranges car les rangées dentaires gauche et droite étaient séparées curieusement par un mur osseux longitudinal que je n'avais jamais observé sur aucune mandibule de reptile. Les seuls reptiles possédant une mandibule dont les branches antérieures peuvent être étroitement soudées pour former un museau long et étroit appartiennent au groupe des crocodiles; mais dans ce cas, les deux bords dentaires sont séparés par un plateau horizontal, lequel s'ajuste contre le plan horizontal constitué par le palais qu'ils possèdent aux maxillaires; un mur osseux vertical entre les rangées dentaires n'existe donc pas chez les crocodiles. Chacune des extrémités antérieures de ces mandibules portait quelques dents; sur l'une, les dents étaient lisses et aplaties avec des bords pourvus de petites crénelures du type de celles que l'on observe sur les couteaux de cuisine, crénelure qui sont destinées à augmenter leur efficacité dans la découpe de la viande. Sur l'autre spécimen les dents striées étaient ornées de longues cannelures. Quelles pouvaient bien être les espèces qui possédaient des mandibules aussi étranges impliquant des reptiles au museau long et étroit ?

Je me suis posé cette question pendant plusieurs années et, plaçant des temps à autre ces deux fragments de mandibules sur mon bureau, j'essayais, bien intrigué, de résoudre cette énigme ; les mandibules des dinosaures carnivores ne sont pas étroitement accolées, mais leur union vers l'avant, leur symphyse, est en forme de U ou de V, alors qu'ici la symphyse était en forme de Y. Pourtant, en cherchant dans la littérature paléontologique, je découvris qu'une mandibule assez semblable à celle du Niger avec été décrite... en 1915 par un paléontologue allemand, Stromer, sous le nom de Spinosaurus aegyptiacus ; cette portion de mandibule avait été récoltée avec des vertèbres pourvues de longues épines neurales dans un niveau du Cénomanien inférieur (le premier étages géologique du Crétacé supérieur) du djebel El Dist dans l'oasis de Baharija, à l'ouest du Nil en Egypte. Il existait donc au moins un autre dinosaure présentant cette spécialisation. Stromer avait alors souligné, en comparant le fragment de dentaire qu'il avait trouvé à un dentaire du Tyrannosaure, l'étroitesse probable de la partie antérieure de la mandibule de Spinosaurus : " Il m'apparaît en toyut cas que les deux branches de la mandibules étaient peu divergentes par rapport à la courte symphyse et qu'elles appartenaient à un animal à museau long et étroit." En revance, Stromer n'ayant pas dans le matériel de Baharija de dentarie droit et gauche en connexion, avant probablement sous-estimé la longueur de la symphyse, de la portion unissant étroitement les deux branches de la mandibule.
Je rapprochais alors cette indication de celles que je pouvais tirer d'autres fragments de mâchoires comparables tous trouvés dans des gisements de Crétacé inférieur d'Afrique, dans le Sud marocain et dans le Sud algérien, pour aboutir à une conclusion peu orthodoxe. Je pouvais affirmer qu'existait au Crétacé inférieur, sur la plate-forme africaine, une famille extrêmement spécialisée de dinosaures carnivores à museau long et étoit. Un tel allongement ne pouvait que me pousser à m'interroger sur la nature du régime alimentaire d'une telle famille de dinosaures. Le meilleur élément de compariaison que l'on puisse trouver concernait les crocodiles dont de nombreuses formes longirostres ont vécu dans le passé. La longirostrie va de pair avec un régime alimentaire piscivore, comme on peut le constater aujourd'hui avec le gavial, crocodile à museau long, le crocodile sacré du Gange qui ne mange que du poisson... et que ne craignent bien évidement pas les foules qui se baignent dans le fleuve où il vit. Il devait donc exister des dinosaures piscivores!
Je me décidai après plusieurs années d'hésitation à présenter cette découverte et le fruit de mes réflexions lors de la réunion annuelle des paléontologues britaniques qui se tenait à l'université de Londres. Je me souviens avoir été écouté par tous les éminents spécialistes présents dans un silence poli; aucune question ne me fut posée alors ; et si aucun de mes collègues - my goodness - ne s'éleva contre une hypothèse aussi hérétique, aucun ne manifesta d'enthousiasme particulier pour ces informations nouvelles.
Puis, en 1984, je publiai une note aux Comptes rendus de l'Académie des sciences intitulée " Une curieuse spécialisation du crâne de certains dinosaures carnivores du Crétécé : le museau long et étroit des Spinosauridés". Et mes conclusions étaient les suivantes : "Rien n'interdit donc de supposer l'existence de dinosaures théropodes piscivores. Tous les gisements crétacés de la plate-forme africaine abondent en restes de poissons et il est tenatant d'imaginer des dinosaures spinosauridés pêchant le long des fleuves ou au bord des lads à la manières des hérons et des cigognes. Les Spinosauridés offrent un bel exemple de la variété des adaptations chez les dinosaures et cette découverte vient s'ajouter ayx découvertes récentes de nouveaux Théropodes tels Deinonychus, Deinocheirus, Syntarsus.
Cette multiplicité des formes de Théropodes confirme enfin la nécéssité d'abandonner la séparation classique mais trop simpliste des Théropodes en deux sous-familles seulement : les Carnosauria d'une part et les Coelurosauria d'autre part. "
Il était extrêmement intéressant de pouvoir examiner la portion de mandibule découverte par Stromer dans l'oasis de Baharija. Les spécimens récoltés aviaient à l'époque été transportés en Allemagne à Munich. Mais, renseignement pris, j'apprenais que tout ce matériel égyptien avait eu le même soirt que le Poekilopleuron bucklandii d'Eudes-Deslongchamps. Lui aussi avait été détruit lors des bombardements durant la dernières guerre!
Les choses auraient pu en rester là lorsqu'une découverte réalisée en Grande-Bretagne allait faire reparler des dinosaures carnivores piscivores. En janvier 1983, un paléontologue amateur, William Walker, découvrait une énorme griffe pointue dans une carrière d'argiles du Crétacé inférieur située dans le Surreyr ; cette griffe appartenait à un dinosaure carnivore de dimension plus que respectables et une équipe de paléontologues du musée d'Histoire naturelle de Londres (British Museum) envoyée sur les lieux consacra trois semaines à récolter les éléments d'un squelette pris dans une gangue constituée d'un silt ferrugineux extrêmement dur. Les blocs transportés au laboratoire furent dégagés au prix de grande difficultés en raison de la résistence de la roche. Mais peu à peu apparurent les os bien conservés d'un magnifique dinosaure carnivore.

Mes collègues et amis du département de paléontologie du British Museum, Alan Charig et Angela Milner, se mirent à étudier les ossements de cet animal, l'une des plus belles trouvailles de dinosaure qui ait été faite en Grande-Bretagne depuis un siècle ; ils s'aperçurent que ce grand carnivore avait des caractères étonnants, notament de dentaires et des maxillaires indiquant un museau... long et étroit ! Ce splendide spécimen exposé aujourd'hui à Londres fut nommé Baryonyx walkeri (le nom de genre faisant allusion à la grosse griffe pointue et le nom d'espèce rendant hommage à son découvreur) et placé dans une nouvelle famille de dinosaures carnivores, celle des Baryonychidés, différente de celle des Spinosauridés africains par suite de l'absence de longues épines neurales sur les vertèbres dorsales... Bien évidement, concernant le mode de vie de Baryonyx, mes collègues firent exactement le même raisonnement que celui qui m'avait amené à supposer l'existence de dinosaures piscivores. Et dans l'article de la revue Nature où ils relatent leur découverte, Alan Charig et Angela Milner avec beaucoup d'élégance et de fair play reprirent mon commentaire - en français dans le texte (!) - de ma note à l'Académie : "Il est tentant d'imaginer des dinosaures spinosauridés pêchant le long des fleuves ou au bord des lacs à la manière des hérons et des cigognes", mais il ajoutèrent : "We independantly conceived a similar idea for Baryonyx, though as a quadrupedal predator crouching on the bank rather than a biped stalking through the shallows." La grande griffe présente à chaque patte postérieure pouvant lui servir pour gaffer les poissons comme le font les ours, en particulier le grizzly, dans les rivières aujourd'hui."Philippe Taquet (1994, p. 291-297).

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